Témoignage fourni par Pascal Bonnefoy en Août 2018 :

Pascal Bonnefoy a conduit le Métro de Montagnole en 1985 et 1986 lors de 2 remplacements d'été, à l'issue de ses études en informatique, environ 2 mois avant puis 2 mois après son service militaire, avant de commencer sa carrière à Paris.

Son père Noël Bonnefoy était alors le numéro 2 de l'usine Vicat ex-Chiron de Chambéry, comme responsable des travaux neufs pendant 15 ans, intervenant aussi sur les sites de la cimenterie Vicat ex-Porte de France de Sassenage, et de la papeterie rachetée par Vicat à Vizille.
Celui-ci après s'être énormément impliqué, avec une très grande fierté, pendant toute sa carrière chez Vicat pendant plus de 35 ans, est décédé depuis, peu de temps après sa retraite.

Pascal m'indique que ce Métro était très dangereux, en relation avec l'époque bien sûr et dans un contexte de sécurité de matériels des années 1920 (voir Nota).
Il était néanmoins très fier de conduire ces motrices datant des Années folles, dont chacun des rivets était imprégné d'histoire.
Le tunnel des années 1960 est également un monument à lui seul : son long cheminement dans le sous-sol (3,8 km) est un ouvrage d'envergure impressionnante...

Il garde la mémoire intacte des moments vécus en pilotant la motrice :

Une fois chargée, la descente vers l'usine se faisait en roue libre à environ 30km/h, sans utiliser le moteur en freinage, ni frein électrique, mais uniquement les freins pneumatiques qu'il fallait ajuster en continu, et surtout en marche arrière puisque la locomotive était placée en haut du train, donc "en aveugle".
Le tunnel dans ses parties à voie unique (voie de 1,10 m) était de plus très étroit avec 1 mètre maximum de chaque côté du train, ce qui ne permettait absolument pas de voir devant l'attelage.
D'où un risque de collision si l'un des trains ne s’arrêtait pas dans le secteur de croisement à 2 voies de largeur 6 m au milieu du trajet, accident qui s'était déjà produit.
La descente du convoi s'accompagnait des crissements des 6 wagons chargés chacun de 10 Tonne de minerai.
Vite expérimenté, Pascal conduisait sa machine en identifiant le parcours au son des crissements caractéristiques de chaque virage et autre singularité du trajet.

Autre difficulté à la montée, cette fois en marche avant, il fallait passer sous la "chargeuse" de minerai et donc descendre à la main le pantographe pour le déconnecter de la ligne de contact (caténaire 600Vdc ou 380Vac), ce qui occasionnait à chaque fois des arcs électriques car la locomotive était alors en traction, afin de pouvoir profiter de l'inertie et positionner correctement les wagonnets sous la chargeuse.

Cette expérience, normale à l'époque, il la perçoit aujourd’hui encore comme une formidable aventure !

Merci Pascal,

Nota : L'origine de ces 3 motrices sont les "petit train" (terme utilisé par Maurice Vincent dans son livret) utilisés en extérieur en voie étroite de 0,60 m entre les Carrières du Pontet et le transporteur aérien à Tire-Poil de 1930 à 1963, et entre le transporteur à La Favorite et l'usine de La Revériaz de 1930 à 1936.
Ils ont ensuite été "élargis" pour une voie de 1,10 m, afin d'être ré-utilisés en souterrain pour le Métro de Montagnole à partir de 1963, et cela pendant une trentaine d'années.
Pascal n'a cependant jamais tracté le wagon de transport de personnel, probablement pas ou plus utilisé alors...

= Une des rares photos =

Le secteur de croisement des métros (au-dessous de la cascade de Jacob-Bellecombette)

En couverture du Livret de Maurice Vincent

Croisement
« © Maurice Vincent 1990 »

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